grève. On les acclame. Les consommateurs quittent vivement la terrasse. Des grévistes rangent les verres, les porte-allumettes, reculent les tables et les chaises, soucieux d’éviter tout vol et tout dégât. La devanture de fer tombe à grand bruit. L’opération n’a pas duré cinq minutes.
Cependant des femmes en cheveux se carrent à la terrasse abandonnée, l’air fier et riant. D’autres, le visage farouche, crient et gesticulent. On pense à des scènes révolutionnaires. On sent la force irrésistible de la foule.
Ces manifestations ne se déroulent pas toujours aussi paisiblement. Même les cortèges de rieuses midinettes ont provoqué des échauffourées. Un souffle d’émeute passe sur les quartiers excentriques. À Ménilmontant, à Belleville, on a contraint des autos de luxe à rebrousser chemin. Ce matin, des cafés ont été saccagés à la gare de l’Est. Mais les journaux n’en soufflent pas mot. La censure cède à la facile tentation d’effacer toute ombre au tableau.