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À quoi cela sert-il ? Pourquoi anéantir en masse des tas de braves gens qui ne demandent qu’à vivre avec leur famille. Folie, méchanceté, idiotie d’une minorité qui écrase le grand nombre, le peuple de moutons que nous sommes ».

L’autre : « Dimanche de Pâques. La neige. Les obus : cent en cinq minutes. Le repas : une sardine et deux biscuits. On se dispute l’eau au fond des trous d’obus. Elle est jaune de poudre. Il faut la laisser déposer dans le quart avant de la boire. Cela nous semble tout de même bon, car on meurt de soif. Nous sommes dans un bois : arbres arrachés, pas une feuille, pas un brin d’herbe. Rien que des bras, des jambes, des troncs, des fusils, de tout. C’est affreux. Jamais je n’aurais imaginé chose pareille. Je me le rappellerai. Nous avons fait quatorze jours comme cela. Je ne vous le cache pas : si le civil voyait ses enfants dans cet état, il demanderait vite la paix ».

D’après d’honnêtes témoignages, au vingt-deuxième mois de la guerre, la plupart des soldats du front seraient résignés, accepteraient stoïquement les événements tels qu’ils se présentent, mais seraient bien résolus à demander des comptes après la guerre, à chercher les res-