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LES « HAUTS FOURNEAUX »

ront aux miennes. Désormais, je ne serai plus seule.

Andernos, 20 octobre 1914.

On a décidé de rappeler dans les usines des ouvriers métallurgistes mobilisés aux armées. « Question de munitions », m’a dit mon mari. Elles manquent. Il est enchanté. Il se frotte les mains : « Ces gaillards-là, qu’on va tirer de l’enfer, vont travailler comme des anges, dans la crainte d’y retourner. Je vais connaître enfin l’effort maximum qu’un homme peut fournir. »

Dominant les gens, bousculant les obstacles, Pierre se donne à cette mobilisation nouvelle, avec la rude ténacité qu’il apporte à toutes ses entreprises.

À Bordeaux, il a pris à l’hôtel un appartement de prince en voyage. C’est son goût. Avant la guerre, il possédait, à l’année, des installations analogues à Londres, à Hambourg, je ne sais où encore.

Il traite des personnages, en des dîners sérieux, des dîners d’hommes, dont il mûrit longuement le menu magistral. On y boit le champagne en