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LES « HAUTS FOURNEAUX »

13 février 1915.

Devant un auditoire de mondaines, assemblées pour la recevoir, Mme  Despard-French, la sœur du maréchal French, prenait aujourd’hui la parole. Elle est grande, maigre et, sous ses bandeaux gris, ses traits sévères respirent la bonté. Elle s’exprime très purement en français. Féministe convaincue, elle déplore la guerre : « La guerre n’est pas logique. Elle détruit sans reconstruire. Elle est méchante. » Mais ces femmes, qui d’abord l’avaient chaleureusement accueillie, se figent soudain. Elle sent la résistance, veut la vaincre, insiste : « N’est-ce pas que la guerre est illogique ? N’est-ce pas qu’elle est méchante ? » Silence de glace. Non. Elles ne veulent pas acquiescer, elles ne veulent pas réprouver la guerre en soi. Et je me demande si elles obéissent à une conviction profonde, ou bien au respect humain, au souci de la voisine ?