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LES « HAUTS FOURNEAUX »

13 mars 1915.

Ils palabraient entre hommes, devant la grande carte du front que Pierre a fait tendre sur tout un panneau du petit salon. Ils discutaient sur l’affaire de Perthes. Ah ! Il y a trois semaines, quand un téléphonage de bonne source nous annonça les prémisses d’une victoire en Champagne, j’ai voulu croire à la percée, à la délivrance ! Par une sorte de superstition, je n’ai pas noté mon espoir. Hélas ! Tant de sacrifices restent vains encore. Oh ! je sais bien. Le communiqué d’hier, qui tire le rideau sur l’offensive, en résume triomphalement les résultats : les Allemands retenus sur le front français, les Russes allégés d’autant sur le Niémen. Nos invités se gargarisaient de cette prose. L’un d’eux, achevant son café, la tête renversée d’un coup sec, ajouta :

— Et puis, nous avons gagné 1.500 mètres !

Aspirant leur cigare, réchauffant à pleine main leur verre de liqueur, ils débattaient le prix qu’ont coûté ces avantages.

— 27.000 hommes, dit un monsieur d’État.