Page:Michel Corday - Les Hauts Fourneaux, 1922.djvu/82

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a su lier sa fortune à celle des nouveaux gisements. Elles culminent ensemble.

Oui, il aime sa demeure comme le symbole de son pouvoir. Il veut que, même pendant la guerre, la splendeur en reste intacte. Et, les jardiniers mobilisés, il a su rondement enrôler leurs femmes, leurs enfants, leurs parents, tout comme il a su peupler les innombrables usines où l’on tourne les obus.

Ganville, 4 avril 1915.

Pluie légère et tenace. Après-midi de billard. Pierre, Foucard et Butat jouent ensemble. Nous faisons galerie, sur de hautes stalles de bois sculpté, prises au chœur de quelque église et plaquées à la muraille.

Le jeu de chacun de ces trois hommes lui ressemble. Le sénateur Foucard pousse magistralement les billes, comme un dieu créateur qui lance des mondes dans l’espace. Le père Butat, qui fut longtemps journaliste en province avant de devenir le grand patron du Bonjour, joue en vieille pratique, dans les coins. Désinvolte, prompt, souple et précis, Pierre les