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Page:Michel Millot - L’Escole des filles, 1790-1800.djvu/106

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L’ESCOLE DES FILLES


cela ; j’en feray souvenir Robinet quelquefois qu’il ne sera pas d’humeur.

Susanne. Fort bien.

(15) Fanchon. Cependant, de peur qu’il ne vînt quelqu’un, il avoit remis son haut-de-chausse et s’estoit assis auprès de moy et me contoit l’obligation qu’il vous avoit, quand il vous rencontra sur le degré, disant que sans vous il seroit mort d’angoisse pour ne pouvoir plus attendre, et qu’il y avoit long temps qu’il estoit espris de ma beauté et qu’il avoit envie de me faire cela, pour la grande affection qu’il me portoit, mais que jamais il n’avoit osé me le dire qu’à ceste heure qu’il en avoit essayé. Il ne pouvoit assez louer les bonnes qualités qui estoient en moy, et qu’il en avoit encore plus reconnu depuis sa jouissance qu’il n’avoit fait auparavant. C’est pourquoy il voulut lier avec moy une amitié indissoluble qui fust aussi longue que sa vie ; ensuite de quoy il me fit cent protestations d’amour et de service et me conjura de l’aimer toujours et de luy estre toujours fidèle, me promettant la réciproque. Et pour donner lieu que cette amitié fust accompagnée des mesme plaisirs que nous venions de prendre, afin que je n’eusse de regret, il me promit de me renouveller tous les jours deux fois ce mesme plaisir l’un portant l’autre ; dont