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Page:Michel Millot - L’Escole des filles, 1790-1800.djvu/172

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L’ESCOLE DES FILLES

sur lesquels on recommenceroit d’icy à dix ans.

(81) Fanchon. Ma cousine, ce ne seroit jamais faict qui voudroit icy rapporter les imaginations de tout le monde, car, pour moy, j’en puis bien concevoir des autres que celles là, et qui ne me semblent pas moins douces ny moins remplies de volupté et délectation ; mais dites-moy seulement une chose, tandis que vous mettez votre coeffe pour vous en aller.

Susanne. Quoy ?

(82) Fanchon. Quelles sont les qualitez plus requises à deux amans qui baisent, pour se rendre tout à fait heureux dans la possession qu’ils ont l’un de l’autre ?

Susanne. Ha ! ma foy, cela ne se dit pas en si peu de temps qu’en mettant ma coeffe, car il nous faudroit discourir premièrement de la beauté qu’ils doibvent avoir l’un et l’autre, et puis en venir à d’autres particularitez qui seroient trop longues à deduire maintenant.

Fanchon. Et qu’importe, ma cousine, plus vous y serez et plus le plaisir sera grand. Vous voylà bien malade ! pour un quart d’heure que vous y serez. Soyez en plustost deux et accordez cela à ma prière ; car qu’est-ce qui vous presse si fort ? il n’est point encore si tard. Si c’est que tousjours mesme discours vous déplaise,