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Page:Michel Millot - L’Escole des filles, 1790-1800.djvu/42

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L’ESCOLE DES FILLES.


a-t-il quelque sorte de plaisir que tout le monde n’a pas ?

(5) Susanne. Vrayement ouy, puisqu’il y en a un que tu n’as pas, lequel vaut mieux que tous les autres ensemble, tout ainsi que le vin vaut mieux que l’eau de la rivière.

Fanchon. Je demeure maintenant d’accord que je ne sçais pas tout, ma cousine, et ne sçais non plus quel est ce plaisir dont vous me parlez, si vous ne me le montrez autrement.

Susanne. Mais est-il possible que ces hommes à qui tu parles si souvent, et particulièrement monsieur Robinet, ne t’en ayent rien dit ?

Fanchon. Non, je vous asseure, ma cousine ; si c’est quelque chose de bon, ils n’ont pas eu la charité de me le dire.

Susanne. Comment, si c’est quelque chose de bon ! C’est la meilleure chose du monde. Mais ce qui m’estonne plus que le reste, c’est que monsieur Robinet ne t’en ayt rien dit, luy qui t’a toujours montré plus d’affection que les autres ; il faut que tu luy ayes rendu quelque desplaisir.

(6) Fanchon. Hélas ! au contraire, ma cousine ; il le sçait bien, et quand il soupire et se plaint auprès de moy, bien loin que ce soit moy qui luy cause ce mal, je luy demande toujours ce qu’il a et luy proteste toujours de bon cœur