Aller au contenu

Page:Michel Millot - L’Escole des filles, 1790-1800.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
51
L’ESCOLE DES FILLES.


à propos, ma cousine, ne m’avez-vous pas dit que vous avez ce plaisir quelquefois ?

Susanne. Ouy dea, quand je veux, et c’est un garçon que j’aime bien qui me le donne.

Fanchon. Vrayement, je le pense, et il faut bien qu’il soit vray que vous l’aimiez, car vous dites qu’il ne se peut autrement ; mais que je suis esmerveillée ! et cela vous fait-il donc bien ayse ?

Susanne. Si ayse que je n’en puis plus.

Fanchon. Et comment ferois-je pour en avoir un qui m’en fist autant ?

(28) Susanne. Il en faut prendre un qui t’aime bien, qui soit discret et qui n’en dise mot à personne.

Fanchon. Et qui pourrois-je prendre, à vostre avis, qui fust propre à cela ?

Susanne. Pour moy, je ne sçay, je n’en connois point de plus propre que le jeune Robinet, car il t’aime bien et de plus il est beau et de bonne grâce. Et je l’ay veu une fois baigner en la rivière, où je fus tout esmerveillée, parce qu’il a une belle chair blanche, ni trop grasse ni trop maigre ; il a les cuisses grosses et nerveuses, et les reins forts et larges, avec un grand et puissant engin par devant, cotonné d’un poil follet, et toutes ces bonnes qualitez contribuent beaucoup au plaisir de la fille.