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L’ESCOLE DES FILLES.

(29) Fanchon. Mon cœur, je tremble, je ne sçay pourquoy, quand je suis si proche à me porter à cela ; mais, ma cousine, n’y a-t-il point de mal à le faire ?

Susanne. Et quel mal y auroit-il, sotte ? regarde comme je suis.

Fanchon. Mais cela n’est-il donc point défendu ?

Susanne. Pourquoy défendu, m’amour ? il y a tant de plaisir ! et puis l’on n’en sçaura rien, car qui est-ce qui le diroit ? Je me fie bien à toy, ne te fieras-tu pas bien à moy ? A ceste heure, Robinet n’aura garde de l’aller dire, parce qu’il est discret ; outre que s’il l’avoit dit, il y perdroit autant que toy, car il ne te verroit plus, et on ne feroit plus compte de luy parmy la ville.

(30) Fanchon. Quel malheur ! Mais quand on est marié (quand j’y pense), un mary ne fait-il pas donc moins cela à sa femme, et s’il venoit à reconnoistre qu’un autre luy eust desjà fait ?

Susanne. Tu n’as que faire de craindre, car quand cela t’arriveroit, je te donneray un secret pour qu’il n’y paroisse plus.

(31) Fanchon. Mais y a-t-il d’autres filles qui le fassent aussi ? car elles n’oseroient, et puis si on venoit à le sçavoir, on ne les marieroit plus par après.