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Page:Michel Millot - L’Escole des filles, 1790-1800.djvu/64

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L’ESCOLE DES FILLES.


ferons-nous mal là où les hommes n’en font point ? Mais cependant ils n’ont pas laissé de se tirer de pair par une autre raison : c’est qu’ils disent que devant Dieu ce péché est un péché comme les autres ; c’est pourquoy ils font tout de mesme et sans crainte d’estre punis, non plus que s’ils avoient mangé des œufs en carême (34). Mais, pour les femmes, ils y ont attaché un certain point d’honneur, afin de les tenir toujours en crainte devant eux, et une note d’infamie à celles qui contreviendroient aux lois de cet honneur, laquelle les prive (quand on le sçait) de plusieurs avantages qui sont parmy elles.

Fanchon. Quand on ne le sçait pas ?

Susanne. Elles sont aussi honnestes que les autres.

Fanchon. Tellement donc qu’il n’y a que la croyance qu’on a de leur honnesteté qui les rende honnestes ?

Susanne. Non certes, et il vaudroit mieux pour elles qu’elles eussent ce plaisir et que l’on n’en sçeut rien, car elles seroient aussi honnestes que si elles ne l’estoient point et qu’on vînt à se l’imaginer. Car il faut que tu sçaches encore qu’il y en a qui sont si malheureuses que l’on croit d’elles ce qui n’est point, et c’est le pis qui leur peut arriver que cela. C’est pourquoy, si