Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/155

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appris, et s’exerceraient à discuter le pour et le contre sur chaque question. Ainsi ils seraient à la fois éclairés par la vérité dans la théorie, habiles dans la pratique, abondants dans l’éloquence, pleins d’imagination pour cultiver la poésie et la peinture, et capables d’appliquer une forte mémoire aux travaux de la jurisprudence. En outre, il n’y aurait pas à craindre qu’ils devinssent légers et téméraires, comme ceux qui discutent les choses en même temps qu’ils les apprennent, et ils n’auraient pas non plus la docilité superstitieuse de ceux qui ne regardent comme vrai que ce que le maître a dit.

Arnauld lui-même, qui réprouve la marche que je viens d’indiquer, peut l’appuyer d’une preuve nouvelle. Il a rempli la Logique de Port-Royal d’exemples tirés de toute espèce de connaissances. Comment comprendre ces exemples si l’on n’a longtemps étudié les sciences et les arts d’où ils sont tirés. Ainsi, en enseignant la logique en dernier lieu, on évite encore un autre inconvénient : celui dans lequel tombe Arnauld de donner des exemples, peut-être utiles, mais qu’on ne peut faire comprendre, quant à ceux des partisans d’Aristote, les leurs seraient compris, qu’ils ne resteraient pas moins inutiles.

Vico montre ensuite combien la méthode géométrique appliquée à la physique est capable de la frapper de stérilité, « Les physiciens modernes, dit-il, et ceci ne peut s'entendre que des cartésiens qui régnaient alors en Italie, agissent comme des gens qui auraient hérité un palais où tout a été prévu pour la commodité et la magnificence, et où il ne s’agit plus que de bien distribuer le mobilier, et d’y faire de temps en temps