Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/22

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nête avec la sagesse spéculative ; Tacite observe l’utile avec la sagesse pratique. Bacon réunit ces deux caractères (cogitare, videre). Mais Platon cherche dans la sagesse vulgaire d’Homère un ornement plutôt qu’une base pour sa philosophie ; Tacite disperse la sienne à la suite des événements ; Bacon dans ce qui regarde les lois ne fait pas assez abstraction des temps et des lieux pour atteindre aux plus hautes généralités. Grotius a un mérite qui leur manque : il enferme dans son système le droit universel, la philosophie et la théologie, en les appuyant toutes deux sur l’histoire des faits, vrais ou fabuleux, et sur celle des langues. »

La lecture de Grotius fixa ses idées et détermina la conception de son système. Dans un discours prononcé en 1719, il traita le sujet suivant : « Les éléments de tout le savoir divin et humain peuvent se réduire à trois : connaître, vouloir, pouvoir. Le principe unique en est l’intelligence. L’œil de l’intelligence, c’est-à-dire la raison, reçoit de Dieu la lumière du vrai éternel. Toute science vient de Dieu, retourne à Dieu, est en Dieu [1] » Et il se chargeait de prouver la fausseté de tout ce qui s’écarterait de cette doctrine. C’était, disaient quelques-uns, promettre plus que

  1. Omnis divinæ atque humanæ eruditionis elementa tria, nosse, velle, posse ; quorum principium unum mens ; cujus oculus ratio ; cui æterni veri lumen præbet Deus… — Hæc tria elementa, quæ tam existere, et nostra esse, quam nos vivere certo scimus, una illa re, de qua omnino dubitare non possumus, nimirum cogitatione explicemus : quod quo facilius faciamus, hanc tractationem universam divido in partes tres : quarum prima omnia scientiarum principia a Deo esse : in secunda, divinum lumen, sive æternum verum per hæc tria, quæ proposuimus elementa omnes scientias permeare : easque omnes una arctissima complexione colligatas alias in alias dirigere, et cunctas ad Deum ipsarum principium revocare : in tertia, quidquid usquam de divinæ