Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/23

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Pic de la Mirandole, quand il afficha ses thèses de omni scibili. En effet Vico n’avait pu dans un discours montrer que la partie philosophique de son système, et avait été obligé d’en supprimer les preuves, c’est-à-dire toute la partie philologique. S’étant mis ainsi dans l’heureuse nécessité d’exposer toutes ses idées, il ne tarda pas à publier deux essais intitulés : Unité de principe du droit universel, 1720 ; — Harmonie de la science du jurisconsulte (De constantia jurisprudentis), c’est-à-dire, accord de la philosophie et de la philologie, 1721. Peu après (1722) il fit paraître des notes sur ces deux ouvrages, dans lesquels il appliquait à Homère la critique nouvelle dont il y avait exposé les principes.

Cependant ces opuscules divers ne formaient pas un même corps de doctrine ; il entreprit de les fondre en un seul ouvrage qui parut, en 1725, sous le titre de : Principes d’une science nouvelle relative à la nature commune des nations, au moyen desquels on découvre de nouveaux principes du droit naturel des gens. Cette première édition de la Science nouvelle est aussi le dernier mot de l’auteur, si l’on considère le fond des idées. Mais il en a entièrement changé la forme dans les autres éditions publiées de son vivant. Dans la première, il suit encore une marche analytique [1]. Elle est

    ac humanæ eruditionis principiis scriptum, dictumve sit, quod cum his principiis congruerit, verum ; quod dissenserit, falsum esse demonstremus. Atque adeo de divinarum atque humanarum rerum notitia hæc agam tria, de origine, de circulo, de constantia ; et ostendam, origine, omnes a Deo provenire ; circulo, ad Deum redire omnes ; constantia, omnes constare in Deo, omnesque eas ipsas præter Deum tenebras esse et errores.

  1. Vico a très bien marqué lui-même les progrès de sa méthode : « Ce qui me déplaît dans mes livres sur le droit universel (De juris uno principio, et De constantia jurisprudentis), c’est que j’y pars des idées de Platon et d’autres grands philosophes, pour descendre à l’examen des intelligences bornées et stupides des premiers hommes qui fondèrent l’humanité païenne, tandis que j’aurais dû suivre une marche toute contraire. De là les erreurs où je suis tombé dans certaines matières… — Dans la première édition de la Science nouvelle j’errais, sinon dans la matière, au moins dans l’ordre que je suivais. Je traitais des principes des idées, en les séparant des principes des langues, qui sont naturellement unis entre eux. Je parlais de la méthode propre à la Science nouvelle, en la séparant des principes des idées et des principes des langues. » (Additions à une préface de la Science nouvelle, publiées avec d’autres pièces inédites de Vico, par M. Antonio Giordano, 1818.) Ajoutons à cette critique que, dans la première édition, il conçoit pour l’humanité l’espoir d’une perfection stationnaire. Cette idée, que tant d’autres philosophes devaient reproduire, ne reparaît plus dans les éditions suivantes.