Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/253

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qui porte d’emblée la physique dans la métaphysique, et parle de métaphysique en physicien, par actes et par formes. Il faut rejeter l’une et l’autre méthode ; car si définir, c’est déterminer les limites des choses, et que les limites soient les extrémités de ce qui a forme, si tous les objets qui ont forme sont tirés de la matière par mouvement, et par conséquent doivent être rapportés à une nature existant antérieurement ; et si c’est mal agir, lorsqu’il y a une nature qui déjà nous offre l’acte, de définir les choses par les virtualités, c’est un tort aussi de caractériser les choses par des actes avant que la nature existe et que les choses aient des formes. La métaphysique dépasse la physique, parce qu’elle traite des vertus et de l’infini ; la physique est une partie de la métaphysique, parce qu’elle considère les formes et le limité. Mais comment cet infini peut-il descendre dans ce fini ? lors même que Dieu nous l’enseignerait, nous ne pourrions le comprendre ; si c’est le vrai de l’intelligence divine, c’est qu’elle le fait et le sait en même temps. L’esprit humain a des limites et une forme ; par conséquent, il ne peut avoir l’intelligence de ce qui est sans limite et sans forme, il peut seulement le penser : c’est ce que nous dirions ainsi en italien : Puo andarle raccogliendo, ma non già raccorle tutte. Mais cette pensée même, c’est un aveu de ce que les objets de la pensée n’ont pas de forme et sont sans limites. Ainsi donc connaître distinctement, c’est un défaut plutôt qu’une qualité : car c’est connaître les limites des choses. L’esprit divin voit les choses dans le soleil de sa vérité ; c’est-à-dire que tandis qu’il voit les choses, il connaît une infinité de choses avec celle qu’il voit ; l’es-