Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/80

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qu’il était leur unique espoir ; mais le Père ayant objecté que les hommes de lettres étaient plutôt à charge qu’utiles à leurs familles, Vico finit par dire qu’il en serait tout autrement de lui ; d’où le Père conclut que ce n’était point la vocation de Yico.

L’autre personne fut le signer D. Giuseppe Lucina, homme d’une immense érudition grecque, latine, toscane, et très versé dans toutes les sciences humaines et divines. Ayant apprécié le mérite du jeune Vico, il s’affligeait gracieusement de ce que la ville ne savait point le mettre à profit, lorsqu’il s’offrit à lui une occasion de le pousser. Le signer D. Nicole Caravita, qui, par la pénétration de son esprit, la sévérité de son jugement et la pureté de son style, était le premier avocat du barreau et se montrait un zélé protecteur des lettres, voulut publier un recueil de pièces à la louange du seigneur comte de S. Stefano, vice-roi de Naples, et à l’occasion de son départ ; ce recueil, le premier de ce genre qui, de nos jours, ait paru à Naples, devait être imprimé en peu de jours. Lucina, qui était en haute réputation, lui proposa Vico pour le discours qui devait être mis en tête de cet ouvrage. La proposition acceptée, il vint trouver Vico et lui fit sentir tout l’avantage qu’il y aurait pour lui à avoir un titre auprès de ce protecteur des lettres, qui bientôt en effet en fut un très zélé pour Vico. Celui-ci ne demandait pas mieux, et comme il avait renoncé à la langue toscane, il composa pour ce recueil un discours latin dont l’impression fut confiée aux soins de Giuseppe Roselli, en 1696. Il commença ainsi à se créer une réputation littéraire. Le signer Gregorio Calapreso, dont nous avons déjà fait une mention honorable,