Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/81

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avait coutume de l’appeler, comme on nommait autrefois Epicure, autodidascalos, le maître de soi-même. Plus tard, à l’occasion de la pompe funèbre de D. Caterina d’Aragon, mère du signer duc de Medina-Cœli, vice-roi de Naples, trois oraisons funèbres devant être prononcées, le très érudit signer Carlo Rossi composa la première en grec ; D. Emmanuel Gicatelli, célèbre orateur sacré, la seconde en italien, et Vico composa en latin la troisième, imprimée, avec les autres pièces, dans un volume in-folio, en 1697.

Peu de temps après, la mort du professeur rendit vacante la chaire de rhétorique. Elle rapportait annuellement cent scudi ; de plus un petit casuel, produit des droits que percevait le professeur sur les certificats attestant l’aptitude des élèves à l’étude du droit. Le signor Caravita l’engagea à concourir, et Vico s’y refusant parce qu’il avait échoué quelques mois auparavant dans une demande de secrétaire de la ville, Caravita lui reprocha avec bienveillance son peu d’esprit (il en manquait en effet pour tout ce qui touchait aux intérêts de la vie), et lui dit de se préparer à l’examen, que pour lui il se chargerait de la demande. Vico se présenta au concours et choisit pour son texte les premières lignes de Quintilien sur le chapitre si étendu De statibus causarum, et, se renfermant dans l’étymologie et la distinction de la nature des causes, il fit preuve de critique et d’une grande érudition grecque et latine, et remporta ainsi la majorité des suffrages.

Cependant le seigneur duc de Medina-Cœli, vice-roi de Naples, avait rendu aux lettres l’éclat qu’elles avaient perdu depuis le règne d’Alfonse d’Aragon ; il