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Page:Michelet - Comme jadis, 1925.djvu/121

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COMME JADIS…

Commencez par lire les pauvres fragments ci-inclus.


« Mon cousin comme le courrier d’Europe fut rapide ! De votre solitude à ma solitude, votre lettre a mis moins de dix-sept jours. Me voici aussitôt à ma table pour vous répondre. Je me sens vraiment devenue la petite sœur dont votre peine a besoin et il me vient une fierté à le constater… »


« Il me semble que le froid se resserre comme un cercle d’acier pour nous écraser. La vie sur la ferme en est paralysée. Nous hésitons à ouvrir la porte pour « le train » obligatoire. Ce matin, plusieurs de nos poules ont sauté de leur perchoir sur le plancher du poulailler avec ce bruit sec qui indique les pattes gelées. Trois de nos plus belles Plymouth sont atteintes assez gravement pour que nous craignions de les perdre. Les frictions à la neige sont restées impuissantes. J’ai rapporté la plus malade à la maison ; je lui ai fait un nid de chiffon dans un vieux chapeau. Elle est toute blottie dans le taffetas gris pointillé de blanc de ses ailes. Elle se laisse caresser comme un chat.

Mon vieux Mourier bricole je ne sais quelle pièce de harnais. Henriette « cuit ». Une odeur chaude de pain parfume la maison. Je m’étais d’abord installée en haut pour vous écrire, mais la chambre est si froide, chauffée pourtant par un