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Page:Michelet - Comme jadis, 1925.djvu/162

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COMME JADIS…

souffrances humaines. Il me faudrait votre vigueur intacte ou l’admirable foi apostolique d’Henri. Rien ne le rebute. Lui, l’homme riche, consacre uniquement son temps et sa fortune à l’étude des problèmes sociaux, à leur solution dans l’acceptation complète, absolue, de ses devoirs de chrétien. Non content de s’adonner au cercle d’études sociales qu’il a fondé au centre du quartier populeux des Ponts, il voyage à travers le département, échauffant de son éloquence rude et chaleureuse le zèle de ceux qui veulent sauver le peuple en l’aimant.

Aimer ! Le mot vibre, en passant sur ses lèvres. Les ouvriers de la raffinerie Maignan, aigris par le despotisme du père, adorent le fils. L’influence de ce dernier a jugulé une grève. Par une étrange contradiction, la collaboratrice dans l’œuvre de régénération sociale entreprise par ce grand chrétien, par ce pur catholique pratiquant, est cette Marthe Leray, étudiante en médecine, dont je vous ai déjà parlé. Il y a, malgré tout, de telles affinités entre eux deux, qu’il est impossible qu’un jour, Marthe ne marche pas sur les mêmes routes qu’Henri, pour atteindre aux mêmes sommets. Cet amour irrévélé est une source de poignantes émotions. Leur champ d’action étant le même, il y a eu déjà entre eux de pathétiques incidents.

Le père de Marthe, le Dr Leray, était célèbre à Nantes par sa charité inépuisable. Sa fille a re-