Page:Michelet - Comme jadis, 1925.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
COMME JADIS…

le bonheur pour un seul être, le doux esclavage chrétien repoussant le paganisme ! — imaginez que la Voie étroite ait été écrite par n’importe quel auteur, mais que je l’aie lue tout proche du souvenir d’Herminie et de Gérard, encore vibrant du frisson d’héroïsme et de simple grandeur d’âme dégagé par ces pages ; pardonnez-moi, pardonnez-moi si je n’ai pu résister au besoin de dresser la vérité en face du mensonge, de crier toute la Foi dont deux cœurs ont battu, en réponse à la négation sacrilège.

Pourquoi n’ai-je pas fait œuvre personnelle de ma plume ! Je vous l’ai dit : je ne suis pas écrivain. Et puis quel écrivain aurait conçu, exécuté le chef-d’œuvre de vérité, de beauté, de dévouement à son pays et à son aimée qu’écrivit Gérard de Noulaine et qu’il signa de son sang !

Vous en ai-je assez dit, Madame, pour m’attirer un peu plus d’indulgence ! Si nous devons rester étrangers, malgré notre lien de parenté, j’éprouverais, de vous sentir plus compréhensive de mon acte, une douceur infinie éclose au ciel gris de ma vie, et pour cela, peut-être, égoïstement précieuse…

C’est vrai, nous connaissons très mal votre grand pays. Sa géographie nous est imprécise — il m’a fallu chercher sur la carte pour me rendre compte que l’Alberta est très éloignée du Québec. — Son Histoire, dès qu’elle se sépare de la nôtre, nous est presque inconnue et sa politique nous est totale-