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Page:Michelet - Comme jadis, 1925.djvu/26

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COMME JADIS…

la colonie, s’établissait sur la seigneurie concédée par sa Majesté. Le traité de Paris mit fin, hélas ! à son illusion… Une nouvelle émigration des notables de la Nouvelle-France ne le décida pas davantage : il demeura à son poste, prêt à lutter pour la conservation des traditions françaises. Son mariage avec Martine de Rhéac l’attacha plus profondément au sol de sa jeune patrie, et les dix enfants qu’il eut de cette union devinrent une pépinière d’ardents défenseurs de la nationalité française et de la foi catholique. Je vous épargnerai la liste des membres du clergé, de la magistrature, de la politique, donnés au Canada par les Lavernes. Malheureusement, mon grand-père, le fils du Gentilhomme-écrivain, se crut une vocation de financier. En dix ans, il se ruina honnêtement, mourut, la dernière dette payée par la vente de la seigneurie. Mon père avait 23 ans à l’époque ; ses études de droits brillamment conduites lui eussent permis d’entrer dans un bureau d’avocat et de préparer l’avenir, mais il avait le goût d’aventures de la race. Les Pays d’en haut, l’Ouest, l’attiraient. Il partit en compagnie de trois camarades aussi pauvres d’argent et aussi riches d’espoir que lui…

On a écrit, en ces dernières années, des pages et des pages sur le développement du Canada. Peut-être, par hasard, en avez-vous lu quelques-unes ? L’Ouest, particulièrement, a excité la curiosité du Vieux-Monde. On a vanté ses richesses minières et