Page:Michelet - Comme jadis, 1925.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
65
COMME JADIS…

Je la regarde. C’est vrai, elle a le pur type de la Canadienne, traits réguliers, teint blanc, yeux brun foncé et cheveux ondulés, noirs, un peu hauts sur le front. Elle est sympathique. Je dois lui communiquer mon impression d’un regard, car elle me sourit gentiment et délicatement, me dit quelques mots de l’œuvre de mon arrière-grand-père, le chevalier de Lavernes.

Comme toujours, ce sont les mêmes questions, les mêmes réponses polies : « Comment aimez-vous le pays ?… » La place « est bien plaisante… » Les petites Labbé parlent des pique-niques passés et futurs, des danses prochaines, des chemins de sleighs qui nous mettront en relations plus faciles avec les autres centres. Le vieux Labbé et Mourier s’entretiennent des billots qu’on pourra sortir du bois. Comme elle est désirée, la neige !… La maîtresse sourit en disant qu’elle n’a pas peur du demi-mille qu’il lui faudra faire, de la terre des Labbé à la maison d’école, par tous les temps. Il est vrai que Fred lui assure :

— « Y a pas de soin », Mademoiselle Saint-Jean, on a des cayuses et un cutter chez nous !

Je ne doute pas que Fred attellera son traîneau soir et matin pour conduire la jolie maîtresse d’école, et j’en suis contente. Si vous saviez la vie de nos braves petites maîtresses… Beaucoup viennent du Québec. Loin de leur famille, elles doivent parfois se pensionner dans des conditions qui les