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PRÉFACE DE 1869.

si près Juillet, le désillusionnement, la perte des hautes espérances. On se rua en bas. Le roman, le théâtre éclatèrent en laideurs hardies. Le talent abondait, mais la brutalité grossière ; non pas l’orgie féconde des vieux cultes de la nature qui ont eu sa grandeur, mais un emportement voulu de matérialité stérile. Beaucoup d’enflure, et peu dessous.


Le texte originaire qui précéda Juillet avait été Honneur à l’Industrie, nouvelle reine du monde, qui dompte, subjugue la matière. — Après Juillet, cela fut retourné : la matière, à son tour, subjugua l’énergie humaine.

Ce dernier fait n’est pas rare dans l’histoire. Rien de plus vieux que cette idée du droit de la matière qui veut avoir son tour. Mais ce qui la rendait choquante chez les Saint-Simoniens, c’était la laideur d’un Janus[1], conservant dans ce culte l’imitation servile de l’institution catholique.

À une séance solennelle où nous fûmes invités, Quinet et moi, nous vîmes avec admiration dans cette religion de la banque un retour singulier de ce qu’on

  1. Ceci ne touche en rien la candeur des individus. Il y avait des hommes admirables, les Bazart, les Barrault, les Carnot, les Charton, les D Eichthall, les Lemonnier, etc.