Page:Michelet - Histoire de France - Lacroix 1880 tome 1.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
201
MONDE GERMANIQUE.

les cheveux de son jeune fils… Ils sont là ces Grecs qui viennent jusqu’au gîte du lion lui dresser des embûches ; il le sait, mais il lui suffit de renvoyer à l’empereur la bourse avec laquelle on a cru acheter sa mort, et de lui adresser ces paroles accablantes : « Attila et Théodose sont fils de pères très-nobles. Mais Théodose en payant tribut, est déchu de sa noblesse ; il est devenu l’esclave d’Attila ; il n’est pas juste qu’il dresse des embûches à son maître, comme un esclave méchant. »

Il ne daignait pas autrement se venger, sauf quelques milliers d’onces d’or qu’il exigeait de plus. S’il y avait retard dans le payement du tribut, il lui suffisait de faire dire à l’empereur par un de ses esclaves : « Attila, ton maître et le mien, va te venir voir ; il t’ordonne de lui préparer un palais dans Rome. »

Du reste, qu’y eut-il gagné, ce Tartare, à conquérir l’Empire ? Il eût étouffé dans ces cités murées, dans ces palais de marbre. Il aimait bien mieux son village de bois, tout peint et tapissé, aux mille kiosques, aux cent couleurs, et tout autour la verte prairie du Danube. C’est de là qu’il partait tous les ans avec son immense cavalerie, avec les bandes germaniques qui le suivaient bon gré, mal gré. Ennemi de l’Allemagne, il se servait de l’Allemagne ; son allié, c’était l’ennemi des Allemands, le Vende Genséric, établi en Afrique. Les Vendes, ayant tourné de la Germanie par l’Espagne, avaient changé la Baltique pour la Méditerranée ; ils infestaient le midi de l’Empire, pendant qu’Attila en désolait le Nord. La haine du Vende Stilicon contre le Goth Alaric reparaît dans celle de