Page:Michelet - Histoire de France - Lacroix 1880 tome 1.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
202
HISTOIRE DE FRANCE.

Genséric contre les Goths de Toulouse ; il avait demandé, puis mutilé cruellement la fille de leur roi. Il appela contre eux Attila dans la Gaule. Selon l’historien contemporain Idace (historien peu grave, il est vrai), Attila eût été appelé aussi par son compatriote Aétius[1], général de l’empire d’Occident, qui voulait détruire les Goths par les Huns, et les Huns par les Goths. Le passage d’Attila fut marqué par la ruine de Metz et d’une foule de villes. La multitude des légendes qui se rapportent à cette époque peut faire juger de l’impression que ce terrible événement laissa dans la mémoire des peuples[2]. Troyes dut son salut aux mérites de saint Loup, Dieu tira saint Servat de ce monde pour lui épargner la douleur de voir la ruine de Tongres. Paris fut sauvé par les prières de sainte Geneviève[3]. L’évêque Anianus défendit courageusement Orléans. Pendant que le bélier battait les murs, le saint évêque, en prière, demandait si l’on ne

  1. Greg. Tur., l. II, ap. Scr. Fr. I, 163 : « Gaudentius Aëtii pater, Scythiæ provinciæ primoris loci. » — Jornandès dit (ap. Scr. Fr. I, 22) : « Fortissimorum Mœsiorum stirpe progenitus, in Dorostena civitate. » — Aétius avait été en otage chez les Huns (Greg. Tur., loc. cit.), — Parmi les ambassadeurs d’Attila étaient Oreste, père d’Augustule, le dernier empereur d’Occident, et le Hun Édecon, père d’Odoacre, qui conquit l’Italie. Voyez la relation de Priscus.
  2. L’invasion d’Attila en Italie n’y avait pas laissé une impression moins profonde. Dans une bataille qu’il livra aux Romains, aux portes même de Rome, tout, disait-on, avait péri des deux côtés. « Mais les âmes des morts se relevèrent et combattirent avec une infatigable fureur trois jours et trois nuits. »
  3. Attila, dans sa retraite, massacre, selon la légende, les onze mille vierges de Cologne.