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MONDE GERMANIQUE.

voyait rien venir. Deux fois on lui dit que rien n’apparaissait : à la troisième, on lui annonça qu’on distinguait un faible nuage à l’horizon : c’étaient les Goths et les Romains qui accouraient au secours.

Idace assure gravement qu’Attila tua près d’Orléans deux cent mille Goths, avec leur roi Théodoric. Thorismond, fils de Théodoric, voulait le venger ; mais le prudent Aétius, qui craignait également le triomphe des deux partis, va trouver la nuit Attila, et lui dit : « Vous n’avez détruit que la moindre partie des Goths ; demain il en viendra une si grande multitude que vous aurez peine à échapper. » Attila reconnaissant lui donne dix mille pièces d’or. Puis Aétius va trouver le Goth Thorismond, et lui en dit autant ; il lui fait craindre d’ailleurs que, s’il ne se hâte de revenir à Toulouse, son frère n’usurpe le trône. Thorismond, pour un aussi bon avis, lui donne aussi dix mille solidi. Les deux armées s’éloignent rapidement l’une de l’autre.

Le Goth Jornandès, qui écrit un siècle après, ne manque pas d’ajouter aux fables d’Idace ; mais chez lui toute la gloire est pour les Goths. Dans son récit, ce n’est pas Aétius, mais Attila qui emploie la perfidie. Le roi des Huns n’en veut qu’au roi des Goths, Théodoric. Il emmène dans la Gaule toute la barbarie du Nord et de l’Orient. C’est une épouvantable bataille de tout le monde asiatique, romain, germanique. Il y reste près de trois cent mille morts. Attila, menacé de se voir forcé dans son camp, élève un immense bûcher formé de selles de chevaux, s’y place la torche à la main, tout prêt à y mettre le feu.