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Page:Michelet - Histoire de France - Lacroix 1880 tome 1.djvu/29

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PRÉFACE DE 1869.

vaires ! que de complaintes funèbres ? Que de pleurs sur tout le chemin (V. la petite Bible, 1864).

Je n’ai eu nul autre art en 1833. Une larme, une seule, jetée aux fondements de l’église gothique, suffit pour l’évoquer. Quelque chose en jaillit d’humain, le sang de la légende, et, par ce jet puissant, tout monta vers le ciel. Du dedans au dehors, tout ressortit en fleurs, — de pierre ? non, mais des fleurs de vie. — Les sculpter ? approcher le fer et le ciseau ? j’en aurais eu horreur et j’aurais cru en voir sortir du sang !

Voulez-vous bien savoir pourquoi j’étais si tendre pour ces dieux ? c’est qu’ils meurent. Tous à leur tour s’en vont. Chacun, tout comme nous, ayant reçu un peu l’eau lustrale et les pleurs, descend aux pyramides, aux hypogées, aux catacombes. Hélas ! qu’en revient-il ? Qu’après trois jours (chacun de trois mille ans), un léger souffle en puisse reparaître, je ne le nierai pas. L’âme Indienne n’est pas absente de la terre ; elle y revient par la tendresse qu’elle eut pour toute vie. L’Égypte a eu en ce monde toujours un bel écho dans l’amour de la mort et l’espoir d’immortalité. La fine âme Chrétienne, en ses suavités, ne peut jamais sans doute s’exhaler sans retour. Sa légende a péri, mais ce n’est pas assez. Il lui faut dépouiller la terrible injustice (la Grâce, l’Arbitraire), qui est le nœud, le cœur