le vrai fond de son dogme. C’est dur, mais il lui faut mourir en cela même, accepter franchement sa pénitence, sa purification, et l’expiation de la mort.
Des sages me disaient : « Ce n’est pas sans danger de vivre à ce point-là dans cette intimité de l’autre monde. Tous les morts sont si bons ! Toutes ces figures pacifiées et devenues si douces, ont des puissances étranges de fantastique illusion. Vous allez parmi elles prendre d’étranges rêves, et qui sait ? des attachements. Qui vit trop là, en devient blême. On risque d’y trouver la blanche Fiancée, si pâle et si charmante, qui boit le sang de votre cœur ! Faites au moins comme Énée, qui ne s’y aventure que l’épée à la main pour chasser ces images, ne pas être pris de trop près (Ferro diverberat umbras). »
L’épée ! triste conseil. Quoi ! j’aurais durement, quand ces images aimées venaient à moi pour vivre, moi je les aurais écartées ! Quelle funeste sagesse !… Oh ! que les philosophes ignorent parfaitement le vrai fond de l’artiste, le talisman secret qui fait la force de l’histoire, lui permet de passer, repasser à travers les morts !
Sachez donc, ignorants, que, sans épée, sans armes, sans quereller ces âmes confiantes qui réclament la