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HISTOIRE DE FRANCE.

sous les noms de marche de Gascogne et marche de Gothie. Du côté oriental, tout allait bien, les Francs étaient soutenus par les Goths ; mais à l’Occident, les Basques, vieux soldats d’Hunald et de Guaifer, les rois de Navarre et des Asturies, qui voyaient Charlemagne prendre possession du pays et mettre tous les forts entre les mains des Francs, s’étaient armés sous Lope, fils de Guaifer. Au retour, les Francs, attaqués par ces montagnards, perdirent beaucoup de monde dans ces ports difficiles, dans ces gigantesques escaliers que l’on monte à la file, homme à homme, soit à pied, soit à dos de mulet ; les roches vous dominent, et semblent prêtes à écraser d’elles-mêmes ceux qui violent cette limite solennelle des deux mondes.

La défaite de Roncevaux ne fut, assure-t-on, qu’une affaire d’arrière-garde. Cependant Éginhard avoue que les Francs y perdirent beaucoup de monde, entre autres plusieurs de leurs chefs les plus distingués, et le fameux Roland. Peut-être les Sarrasins aidèrent-ils ; peut-être la défaite commencée par eux sur l’Èbre fut-elle achevée par les Basques aux montagnes. Le nom du fameux Roland se trouve dans Éginhard sans autre explication : Rotlandus præfectus britannici limitis[1]. La brèche immense qui ouvre les Pyrénées sous les tours de Marboré, et d’où un œil perçant pourrait voir

  1. Eginhard, vita Karoli, ap. Scr. Fr., V, 93. — Voy. aussi Eginhard. Annal. ibid., 203. — Poet. Sax., l. I, ibid., 143. — Chroniques de Saint-Denys, l. I, c. vi. — Les autres chroniques ne parlent point de cette déroute. — Sur les poëmes Carlovingiens, voyez le cours de M. Fauriel, et l’excellente thèse de M. Monin : Sur le Roman de Roncevaux, 1832.