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CELTES ET IBÈRE.

Gaulois mercenaires. Plutôt que d’entrer en guerre contre Rome, les Boïes tuèrent les deux chefs et massacrèrent leurs alliés. Rome, inquiète des mouvements qui avaient lieu chez les Gaulois, les irrita en défendant tout commerce avec eux, surtout celui des armes. Leur mécontentement fut porté au comble par une proposition du tribun Flaminius. Il demanda que les terres conquises sur les Sénons depuis cinquante ans fussent enfin colonisées et partagées au peuple. Les Boïes, qui savaient par la fondation d’Ariminum tout ce qu’il en coûtait d’avoir les Romains pour voisins, se repentirent de n’avoir pas pris l’offensive, et voulurent former une ligue entre toutes les nations du nord de l’Italie. Mais les Venètes, peuple slave, ennemis des Gaulois, refusèrent d’entrer dans la ligue ; les Ligures étaient épuisés, les Cénomans secrètement vendus aux Romains. Les Boïes et les Insubres (Bologne et Milan), restés seuls, furent obligés d’appeler d’au delà des Alpes, des Gésates, des Gaisda, hommes armés de gais ou épieux, qui se mettaient volontiers à la solde des riches tribus gauloises de l’Italie. On entraîna à force d’argent et de promesses leurs chefs Anéroeste et Concolitan.

Les Romains, instruits de tout par les Cénomans, s’alarmèrent de cette ligue. Le sénat fit consulter les livres sibyllins, et l’on y lut avec effroi que deux fois les Gaulois devaient prendre possession de Rome. On crut détourner ce malheur en enterrant tout vifs deux Gaulois, un homme et une femme, au milieu même de Rome, dans le marché aux bœufs. De cette manière, les Gaulois avaient pris possession du sol de Rome, et l’oracle se trouvait accompli ou éludé. La terreur de Rome avait