Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/129

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naturelle. Ce cheveu de deux natures (végétale et animale) où s’épaissit la goutte d’eau, c’est bien l’aîné de la vie.



Regardez au fond d’une source, vous ne voyez rien d’abord ; puis, vous distinguez des gouttes un peu troubles. Avec une bonne lunette, ce trouble est un petit nuage, gélatineux, ou floconneux. Au microscope, ce flocon devient multiple, comme un groupe de filaments, de petits cheveux. On croit qu’ils sont mille fois plus fins que le plus fin cheveu de femme. Voilà la première et timide tentative de la vie qui voudrait s’organiser. Ces conferves, comme on les appelle, se trouvent universellement dans l’eau douce, et dans l’eau salée quand elle est tranquille. Elles commencent la double série des plantes originaires de mer et de celles qui sont devenues terrestres quand la mer a émergé. Hors de l’eau monte la famille des innombrables champignons, dans l’eau celles des conferves, algues et autres plantes analogues.

C’est l’élément primitif, indispensable de la vie, et on le trouve déjà où elle semble impossible. Dans les sombres eaux martiales chargées et sur-