Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/128

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trice infinie où sans cesse de nouveaux enfants viennent nager comme en un lait tiède.



Assistons à l’œuvre divine. Prenons une goutte dans la mer. Nous y verrons recommencer la primitive création. Dieu n’opère pas de telle façon aujourd’hui, et d’autre demain. Ma goutte d’eau, je n’en fais pas doute, va dans ses transformations me raconter l’univers. Attendons et observons.

Qui peut prévoir, deviner l’histoire de cette goutte d’eau ? — Plante-animal, animal-plante, qui le premier doit en sortir ?

Cette goutte, sera-ce l’infusoire, la monade primitive qui, s’agitant et vibrant, se fait bientôt vibrion ? qui, montant de rang en rang, polype, corail ou perle, arrivera peut-être en dix mille ans à la dignité d’insecte ?

Cette goutte, ce qui va en venir, sera-ce le fil végétal, le léger duvet soyeux qu’on ne prendrait pas pour un être, et qui déjà n’est pas moins que le cheveu premier-né d’une jeune déesse, cheveu sensible, amoureux, dit si bien : cheveu de Vénus ?

Ceci n’est point de la fable, c’est de l’histoire