Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il a deux cerveaux (tête et tronc) ; mais, pour se serrer, obtenir cette terrible centralisation, l’animal a pris un parti, c’est de n’avoir pas de cou, d’avoir sa tête dans son ventre. Merveilleuse simplification. Cette tête unit les yeux, les palpes, les pinces et les mâchoires. Dès que l’œil perçant a vu, les palpes tâtent, les pinces serrent, les mâchoires brisent, et derrière elles, sans intermédiaire, l’estomac, qui lui-même a une machine pour broyer, triture et dissout. En un moment tout est fini, la proie disparue, digérée.

Tout est supérieur en cet être :

Les yeux voient devant et derrière. Convexes, extérieurs, à facettes, ils sont à même d’embrasser une grande partie de l’horizon.

Les palpes ou antennes, organes d’essai, d’avertissement, de triple expérimentation, ont le tact au bout, à la base de l’ouïe, l’odorat. Avantage immense que nous n’avons pas. Que serait-ce si la main humaine flairait, entendait ? Combien notre observation serait rapide et d’ensemble ! Dispersée entre trois sens qui travaillent séparément, l’impression par cela est souvent inexacte, ou s’évanouit.

Des dix pieds (du décapode), six sont des mains, des tenailles, et, de plus, par l’extrémité, ce sont des organes de respiration. Le guerrier se tire ici