Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/222

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par un expédient révolutionnaire du problème qui a tant embarrassé le pauvre mollusque : « Respirer, malgré la coquille. » Il a répondu à cela : « Je respirerai par le pied, la main. Cet endroit faible où je pourrais donner prise, je le mets dans l’armée de guerre. Et qu’on vienne l’attaquer là ! »



Leurs seuls ennemis redoutables sont la tempête et le rocher. Peu voyagent en haute mer, peu au fond. Ils sont presque tous au rivage à guetter des proies. Souvent, pendant qu’ils sont là à attendre que l’huître bâille pour en faire leur déjeuner, la mer grossit, les prend, les roule. Leur armure fait leur péril. Dure, sans élasticité, elle reçoit tous les chocs à sec, rudement et de manière cassante. Leurs pointes aux pointes du roc s’écachent, éclatent, se brisent. Ils ne s’en tirent que mutilés. Heureusement, comme l’oursin, ils peuvent se réparer, substituer au membre brisé un membre supplémentaire. Ils comptent tellement là-dessus, que, pris, eux-mêmes ils se cassent un membre pour se délivrer.

Il semble que la nature favorise spécialement