Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/288

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plus chaud et au plus froid, sous la ligne et aux mers polaires.

Dans la grande région intermédiaire, le cachalot féroce incline au sud, dévaste les eaux tièdes.

Au contraire, la baleine franche les craint, ou les craignait plutôt (car elle est si rare aujourd’hui !). Nourrie spécialement de mollusques et autres vies élémentaires, elle les cherchait dans les eaux tempérées, un peu au nord. Jamais on ne la trouvait dans le chaud courant du midi ; c’est ce qui fit remarquer le courant, et amena cette découverte essentielle de la vraie voie d’Amérique en Europe. D’Europe en Amérique, on est poussé par les vents alizés.

Si la baleine franche a horreur des eaux chaudes et ne peut passer l’équateur, elle ne peut tourner l’Amérique. Comment donc se fait-il qu’une baleine, blessée de notre côté dans l’Atlantique, se retrouve parfois de l’autre, entre l’Amérique et l’Asie ? C’est qu’un passage existe au Nord. Seconde découverte. Vive lueur jetée sur la forme du globe et la géographie des mers.

De proche en proche, la baleine nous a menés partout. Rare aujourd’hui, elle nous fait fouiller les deux pôles, le dernier coin du Pacifique au détroit de Behring, et l’infini des eaux antarctiques. Il est même une région énorme qu’aucun vaisseau