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Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/349

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Les vieux règlements spéciaux des pêches riveraines ne peuvent plus servir à rien dans la navigation moderne. Il faut un code commun des nations, applicable à toutes les mers, un code qui régularise, non seulement les rapports de l’homme à l’homme, mais ceux de l’homme aux animaux.

Ce qu’il se doit, ce qu’il leur doit, c’est de ne plus faire de la pêche une chasse aveugle, barbare, où l’on tue plus qu’on ne peut prendre, où le pêcheur immole sans profit le petit qui, dans un an, l’aurait richement nourri, et qui, par la mort d’un seul, l’eût dispensé de donner la mort à une foule d’autres.

Ce que l’homme se doit et leur doit, c’est de ne pas prodiguer sans cause la mort et la douleur.

Les Hollandais et les Anglais ont l’attention de tuer immédiatement le hareng. Les Français, plus négligents, le jettent dans la barque et l’entassent, le laissent mourir d’asphyxie. Cette longue agonie l’altère, lui ôte de son goût, de sa fermeté. Il est macéré de douleur, il lui advient ce qu’on observe dans les bestiaux qui meurent de maladie. Pour la morue, nos pêcheurs la découpent au moment où elle est prise ; celle qui tombe la nuit aux filets, et qui a de longues heures d’efforts, d’agonie désespérée, ne vaut rien en comparaison de celle