Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/353

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

livrées brillantes, leur phosphorescence, indiquent le suprême rayonnement de la vie. En toute espèce qui n’est point menaçante par l’excès de la fécondité, il faut religieusement respecter ce moment. Qu’ils meurent après, à la bonne heure ! S’il faut les tuer, tuez-les ! mais que d’abord ils aient vécu.

Toute vie innocente a droit au moment du bonheur, au moment où l’individu, quelque bas qu’il semble placé, dépasse la limite étroite de son moi individuel, veut au-delà de lui-même, et, de son désir obscur, pénètre dans l’infini où il doit se perpétuer.

Que l’homme y coopère ! qu’il aide à la nature ! Il en sera béni, de l’abîme aux étoiles. Il aura un regard de Dieu, s’il se fait avec lui promoteur de la vie, de la félicité, s’il distribue à tous la part que les plus petits même ont droit d’en avoir ici-bas.