Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/358

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créatures moins éloignées de la vie naturelle, pour les enfants innocents qui souffrent des péchés de leurs pères, pour les femmes, victimes sociales, dont les fautes sont surtout d’amour, et qui, moins coupables que nous, portent cependant bien plus le poids de la vie. La mer, qui est une femme, se plaît à les relever ; elle donne sa force à leur faiblesse ; elle dissipe leurs langueurs ; elle les pare et les refait belles, jeunes de son éternelle fraîcheur. Vénus, qui jadis sortit d’elle, en renaît encore tous les jours, — non pas la Vénus énervée, la pleureuse, la mélancolique, — la vraie Vénus, victorieuse, dans sa puissance triomphale de fécondité, de désir.



Comment entre cette grande force, salutaire, mais âpre, sauvage, et notre grande faiblesse, peut se faire le rapprochement ? Quelle union entre deux partis à ce point disproportionnés ? C’était une grande question. Un art, une initiation, y furent nécessaires. Pour les comprendre, il faut connaître le temps et l’occasion où cet art commença à se révéler.

Entre deux âges de force, la force de la Renais-