Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/407

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sation ; on lui ramasse des coquilles. Bref, la dame, embarrassée, excédée, reste chez elle ou ne sort que le matin. Là-dessus, mille commentaires malveillants. Il lui en revient quelque chose. Elle n’est pas sans inquiétude. Ces importuns qu’elle écarte sont parfois des gens influents, qui pourraient nuire à son mari.

Nulle part plus qu’aux bains de mer on n’est imaginatif. Les nuits de juillet et d’août, ardentes et de peu de sommeil, sont agitées de tout cela. Si au matin elle s’endort, elle n’en est pas plus tranquille. Les bains, loin de rafraîchir, ajoutent l’irritation saline à la chaleur caniculaire. De la jeunesse, elle a repris non la force, mais le bouillonnement. Faible encore, et toute nerveuse, elle est d’autant plus troublée de cet orage intérieur.

Intérieur, mais non caché. La mer, l’impitoyable mer, amène et révèle à la peau toute cette excitation qu’on voudrait garder secrète. Elle la trahit par des rougeurs, de légères efflorescences. Toutes ces petites misères, dont souffrent encore plus les enfants, et que les mères aiment en eux comme un retour de santé, elles en sont humiliées, quand elles les ont elles-mêmes. Elles craignent d’en être moins aimées. Tant elles connaissent peu l’homme ! Elles ignorent que le grand attrait, le