Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/408

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plus vif aiguillon d’amour, c’est moins la beauté que l’orage.

« Mais, s’il allait me trouver laide ! » C’est ce qu’elle dit chaque matin en se regardant au miroir. Elle craint, tout en le désirant, l’arrivée de celui qu’elle aime. Elle se sent pourtant bien seule, elle a peur sans savoir pourquoi, au milieu de cette foule. Elle n’ose plus s’écarter, se promener à distance. Son agitation va croissant. Elle prend fièvre, elle s’alite… À peine vingt-quatre heures après, elle le voit auprès d’elle.

Qui l’a averti ? Non pas elle. Mais, de sa grosse écriture, une petite main a écrit : « Mon cher papa, venez vite. Maman est au lit. Elle a dit l’autre jour : S’il était là ! »

Il a paru. Elle est guérie. Voilà un homme bienheureux ! Heureux de la voir remise, heureux d’être nécessaire, heureux de la voir si belle. Elle a bruni, mais qu’elle est jeune ! quelle vie dans son charmant regard ! quel doux rayonnement de santé dans la soie de ses beaux cheveux qui ondoient indépendants !



Est-ce un conte que l’on vient de lire ? Cette renaissance si prompte de vie, de beauté, de tendresse,