Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/417

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rhabillés, comblés d’amitiés, de dons. (Avril 1859.)

Ô le bon peuple de France ! Et combien pourtant jusqu’ici il a la vie triste et dure ! Dans le régime des classes (qui du reste est si utile et nous donne une si grande force), il faut qu’il quitte à chaque instant les avantages du commerce pour la marine de l’État, très sévère, et de plus en plus. La manœuvre, il y a quarante ans, s’y faisait encore en chantant. Aujourd’hui, elle est muette. (Jal. Arch., II, 522.) Dans la marine du commerce, les grandes pêches ont cessé. Les primes de la baleine ne profitaient qu’aux armateurs. (Boitard, Dict., art. Cétacés, Baleine.) La morue a diminué, le maquereau faiblit, le hareng s’éloigne. Un très précieux petit livre (Histoire de Rose Duchemin par elle-même) donne un tableau saisissant de cette misère. Le spirituel Alphonse Karr, qui a écrit sous la dictée de cette femme de pêcheur, a eu le tact excellent de n’y changer pas un seul mot.

Étretat n’est pas proprement un port. Fort bas, au niveau de la mer, il en est défendu uniquement par une montagne de galets, barrière dont la tempête est le seul ingénieur, y poussant, y ajoutant de nouvelles jetées de cailloux. Aucun abri. Donc il faut, selon l’ancien et rude usage celtique, que chaque barque qui arrive soit remontée sur le