Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/51

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pour que cette face du globe fût harmonique à l’autre. Là s’élevaient avec le volcan de Ténériffe qui en est resté, avec nos volcans éteints d’Auvergne, du Rhin, d’Hereford, etc., ceux qui durent miner l’Atlantide. Tous ensemble ils constituaient le vis-à-vis des volcans des Antilles et autres cratères américains.


De ces volcans enflammés ou éteints, de l’Inde et des Antilles, de la mer de Cuba, de la mer de Java, partent deux énormes fleuves d’eau chaude, qui s’en vont réchauffer le nord, et qu’on pourrait appeler les deux aortes du globe. Ils sont munis, ou de côté ou en dessous, de leurs contre-courants qui, venant du nord, amènent l’eau froide, compensent l’effusion d’eau chaude et font l’équilibre. Aux deux courants chauds, très salés, les courants froids administrent une masse d’eau plus douce, qui retourne à l’équateur, au grand foyer électrique qui doit la chauffer, la saler.

Ces fleuves d’eau chaude, d’abord étroits, de quelque vingt lieues de large, gardant longtemps leur vigueur et leur puissante identité, peu à peu cependant se coupent, s’attiédissent, mais s’étendent et prennent une largeur de mille lieues.