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Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/106

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menteuse du 3 novembre 1806, l’Empereur faisait dire aux Polonais : " bientôt Kosciusko, appelé par " Napoléon le grand, vous parlera par ses ordres. " Entouré par la police des Fouché et des Savary, Kosciusko, dans l’isolement où on le tenait, ignora longtemps l’abus que l’on faisait de son nom. L’eût-il su, par quel journal, par quelle voie de publicité aurait-il pu faire connaître son démenti dans cette Europe muette ?

Napoléon, on le sait, ne fit rien pour la Pologne, rien pour ses libertés intérieures ni extérieures. La loi française, prenant le paysan polonais pour un fermier, le déclarait libre, c’est-à-dire libre de partir en quittant la terre qui le faisait vivre. Elle ne comprit pas le lien antique qui constitue au paysan une sorte de copossession. S’il est attaché à la terre, la terre aussi lui est attachée. Cette loi fut, par ignorance, très partiale pour le noble, lui reconnaissant des droits sans devoirs, le considérant comme propriétaire sans conditions.

Enfin tombe Napoléon, et la France est punie des fautes de l’empereur. L’invasion barbare inonde nos campagnes. Les Cosaques se répandent partout. Les voilà à Fontainebleau. On montre encore dans la forêt la caverne où se réfugiaient les femmes tremblantes. -Ces désastres brisaient le cœur de Kosciusko, il ne put les supporter. Il va sans armes au devant des pillards ; il les trouve qui s’amusaient à brûler les malheureuses