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Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/111

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lorsqu’il lui vint un doux message. Il était resté toute sa vie en correspondance avec celle qui eut son premier amour, et qui était devenue la femme d’un prince polonais. Le mari respectait ce saint et pur attachement. Il mourut, et sa veuve écrivit en Suisse à Kosciusko, alors âgé de soixante et onze ans, qu’elle lui appartenait, elle et sa fortune, qu’elle était libre enfin, venait le rejoindre. Elle le retrouva, mais mort. Il n’eut pas la consolation de revoir dans son dernier jour cette femme aimée si constamment.

Il mourut en 1817, dans les bras de la famille Zeltner, emportant les regrets attendris de toutes les nations. Toutes pleurèrent cette personne innocente et sainte, autant qu’héroïque.

Ses cendres furent réclamées par la Pologne, conduites en grande pompe à la cathédrale de Cracovie, enterrées près de celles de Sobieski Mais ce monument n’était pas assez populaire. On travailla trois années pour lui en élever un plus digne de lui ; monument gigantesque, grand comme l’amour du peuple, vraie montagne bâtie de sa main, et du plus pur des matériaux : — de marbre ? non, ni de granit ; — mais de la terre de la patrie, de la terre qu’il avait aimée.