Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/115

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est un moyen d’unité. Entre ces deux moitiés (Pologne et Lituanie), il y a moins de différence qu’entre la France du midi et la France du nord ; on n’y voit pas la dissemblance extrême qui sépare le provençal du flamand.

Les États qui l’ont partagée sont, au contraire, hétérogènes et tout artificiels ; la Prusse est une mosaïque, Autriche une caricature, la Russie est un monstre.

Construit sur le patron d’une épouvantable araignée, elle est monstrueuse en ceci, surtout, que les pattes ne tiennent en rien au corps. Sans la compression énorme qui retient le tout ensemble, elles s’en iraient de tous côtés. Le corps, ce sont les 50 millions de vrais Moscovites ; les pattes (Sibérie, Lithuanie, Finlande, etc.) ont horreur du corps, et voudraient se détacher. Les Cosaques n’y tiennent qu’à cause "des avantages matériels qu’ils trouvent dans cet immense empire, dont ils sont une sorte de factotum militaire ; du reste, ils méprisent les russes. Les seuls qui tiennent fortement à la Russie dans ces dépendances excentriques, ce sont les Allemands de Livonie et de Courlande, qui ont dans l’empire les cinq sixièmes des emplois, qui en réalité gouvernent, qui sont toute la bureaucratie, et peu à peu la noblesse ; ils.la recrutent en nombre énorme, les commis devenant nobles après quelque temps de service.

La Russie ne compte pour rien en Russie. Il n’y a