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Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/138

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pensant à vous, et que le monde sent le poids de vos fers…

Pourquoi, malgré nos vives, nos ardentes sympathies pour les grands patriotes russes, avons-nous cru devoir exposer notre opinion si librement sur la Russie ? C’est que, hélas ! il nous est impossible jusqu’ici de distinguer le peuple russe du gouvernement qui l’écrase. Nous les voyons seuls encore, ces illustres citoyens. Ils sont les citoyens du monde, bien plus que de la Russie. Les révoltes sont fréquentes en ce pays ; mais une révolution, quel jour arrivera-t-elle ? Il y faut une communauté d’idées que rien ne nous indique encore.

Donc, nous devons envisager la Russie en masse, provisoirement, et simplement comme une force,- force barbare, monde sans loi, monde ennemi de la Loi, qui ne fait aucun progrès en ce sens, au contraire, qui marche à rebours et retourne aux barbaries antiques, qui n’admet la civilisation moderne que pour dissoudre le monde occidental et tuer la loi elle-même.

Le monde de la Loi a sa frontière où elle fut au moyen âge, sur la Vistule et le Danube.

La Russie n’admet rien de nous, que le mal. Elle absorbe, attire à elle tout le poison de l’Europe. Elle le rend augmenté et plus dangereux.

Quand nous admettons la Russie, nous admettons

le choléra, la dissolution, la mort. "Quoi ! philosophes, nous dit