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Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/141

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terre et de ceux qui la cultivent. Vivez parmi eux, avec eux, aimez-les, tout est gagné.

" Il faut aimer pour être aimé, " disait le général Hoche.

Ce peuple vous demande plus que la liberté, plus que la propriété, qu’il a méritée si bien, plus que l’égalité sociale, — il demande surtout l’amitié.

Nous connaissons votre grandeur de cœur. Ceux qui ont aimé jusqu’à leurs bourreaux pourraient-ils ne pas aimer leurs pauvres compatriotes ?

Le paysan a sujet d’aimer votre vieille République de Pologne, qui lui demanda un tribut si faible, si léger en comparaison d’aujourd’hui ; qui l’abrita des barbares derrière ce peuple chevalier d’un million de lances, dont pas un homme, durant des siècles, n’est mort qu’au champ de bataille.

Et vous fils de ces chevaliers, aimez, admirez ce peuple, qui, dans vos terribles luttes, tellement inégales, contre la Russie, vous donna ces vaillants faucheurs, la terreur des Cosaques, qui se battit sans s’informer si la liberté reconquise le serait pour lui, qui, dans les légions polonaises, anobli, chevalier lui-même, sous le drapeau de la France, marcha du même pas près de vous, et, par des exploits incroyables, s’est placé avec vous dans l’égalité de la gloire.