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Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/149

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femme les en empêche ; ils sont fastueux pour l’objet aimé. La femme seule peut les affranchir.

Pour ces derniers sacrifices, pour cette grande ouverture de cœur que la situation commande, il ne faut pas moins, Polonais, que cette vaillance native qui vous fit toujours aller en avant. Dans cette route nouvelle aussi, vous serez encore l’avant-garde ; vous passerez les premiers la voie étroite et le pont aigu que tant d’autres hésitent à passer.

Ai-je besoin de vous rappeler un de vos plus beaux souvenirs, cet âpre défilé d’Espagne qui par vous est immortel. "Trois fois, dit le guerrier poète qui a chanté cet exploit, trois fois les escadrons français, comme un jet puissant des fontaines, jaillirent jusqu’au sommet du mont. Autant de fois, de cascades en cascades, ils déroulèrent dans l’abîme… Les Français, riches de gloire, trouvaient la montagne inaccessible, comme le ciel l’est aux possesseurs de trésors. Silencieux, impatients, attendaient les lanciers de Pologne.., « À vous, dit leur commandant, voyageurs expérimentés, qui franchîtes les glaces des Alpes, les sables de Syrie, à vous d’ouvrir ce chemin… » La trompette sonne, les lances plongent au travers de la mitraille… Tout à coup un grand silence. Toute la batterie s’est tuée. L’aigle blanc s’est reposé au faîte de Sorrio-Sierra. »

À vous cette fois encore. Que la France ait la Pologne avec elle dans cette route nouvelle, plus âpre que