Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/24

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arrivé en 1815 à Fontainebleau, vit le pauvre exilé, l’ombre infortunée de la Pologne qui se traînait encore, et versa des larmes amères. Le vieux pillard, l’homme de meurtre, se retrouva homme. Jusqu’à sa mort, il suffisait qu’il entendît le nom fatal, pour que les larmes, malgré lui, lui remplissent les yeux.

Ah ! il y a un Dieu au monde, la justice n’est pas un vain mot… C’est par ce jour et par cet homme que le remords du fratricide commença pour la Russie… Pleurez, Russes ; pleurez, Cosaques ; mais surtout pleurez sur vous-mêmes, malheureux instruments d’un crime si fatal aux deux pays !

Jeunes Slaves du Danube, que je vois avec bonheur monter au rang des nations, enfants héroïques qui jadis avez abrité le monde contre les barbares, c’est à vous aussi que je donne ce portrait du meilleur des Slaves, du bon, du grand, de l’infortuné Kosciusko.

La générosité, la douceur magnanime des véritables Slaves, ces dons du ciel qu’on trouve en leurs tribus primitives, elles ont éclaté avec un charme attendrissant dans cet homme. En lui, nous honorons le génie de cette grande race ; nous saluons son apparition d’un salut fraternel.

Jeunes Slaves, que vous souhaiterai-je ? que demandera à Dieu pour vous la vieille France qui vous regarde et vous voit grandir avec joie ? — La vaillance ? Non, la vôtre est connue par toute la terre. Vous souhaiterai-je la muse et les chants ? Les vôtres sont célèbres